Alyssia Poulange, championne d’Europe cadettes de judo

Alyssia Poulange, championne d’Europe cadettes de judo
Un espoir à Saint-Ouen
  • A 17 ans, la judoka Alyssia Poulange du SO2J Saint-Ouen vient de remporter son premier titre international, championne d’Europe cadettes.
  • Déterminée et travailleuse, elle explique son parcours et sa vie dévouée au judo.
  • Une réussite qui est aussi celle de son club, qui a misé sur la formation des jeunes et a obtenu l’an dernier le titre national cadettes par équipe.

A en croire Vincent Poulange, son père et entraîneur, « Alyssia a toujours aimé la compétition. Sa mère et moi sommes tous deux professeurs de judo, elle nous suivait sur les tatamis et dès ses 4 ans, elle aimait les randoris (les combats) et gagner surtout ! Elle a tout de suite voulu faire du haut niveau. Nous ne l’avons jamais poussée vers la performance, nous l’avons accompagnée. » Chose rare, Alyssia a eu rapidement conscience que cet objectif impliquait beaucoup de travail, mais cela ne l’inquiète pas, comme elle l’explique : « En fait quand tu gagnes, tu as ce goût-là de encore gagner, et je me plais à m’entraîner, ça facilite la chose. Je m’entraîne, j’aime ça, je gagne, je retourne à l’entraînement j’aime ça aussi. C’est un cycle ! Je m’y sens bien. »

Une progression régulière

A l’écouter, cela paraît simple, comme s’il suffisait de suivre un chemin qu’elle se serait elle-même fixé : « C’est un peu dans la logique des choses, même si c’est plus facile à penser qu’à faire. Ce qui me plaît, c’est que j’ai mes objectifs, je travaille et j’accomplis mes rêves, un peu… » Ces trois dernières années, Alyssia a connu une progression sûre et régulière. Lors de sa première année cadettes, en moins de 48 kg, elle est rentrée au pôle espoirs Île-de-France de Brétigny-sur-Orge et est devenue vice-championne de France. La suite, elle la raconte calmement, avec un petit sourire. « J’ai été sélectionnée en European Cup, j’y ai fait mes preuves, alors j’ai été sélectionnée pour les championnats d’Europe. En deuxième année cadettes, je suis championne de France, dans la suite des choses je vais aux championnats d’Europe et je finis troisième. Je vais ensuite pour la première fois aux championnats du monde, j’y gagne mes deux premiers combats, je perds en quart de finale. Et cette année, déterminée, je monte de catégorie de poids en moins de 52 kg, je gagne les championnats de France, je gagne deux épreuves de coupe d’Europe, je gagne le championnat d’Europe. La suite logique ce serait de gagner les championnats du monde ! » Alyssia les disputera du 23 au 26 août 2023 à Zagreb en Croatie et compte bien y briller.

Un emploi du temps minuté

Pour atteindre ses objectifs, Alyssia s’entraîne, tous les jours, et deux fois par jour, et les week-end sont souvent consacrés à la compétition, loin de chez elle. La jeune championne aime travailler, apprendre des techniques, des stratégies. « J’ai deux techniques favorites, sode tsurikomi goshi (projection de la hanche en tirant et en soulevant) et ko uchi gari (petit fauchage intérieur), une technique vers l’avant et une vers l’arrière. J’aime bien les faire en combinaison. Mais là pour l’instant, il faut que je travaille mes attaques sur les gauchères. »

Alyssia Poulange phase de judo au sol

Très à l’aise en ne-waza, le combat au sol, Alyssia Poulange y marque de nombreux ippons.

Un des grands atouts d’Alyssia Poulange, c’est son aisance dans le ne-waza, le combat au sol fait d’immobilisation, de clefs de bras, d’étranglements. « J’aime beaucoup le ne-waza ! Lorsque je suis rentrée au pôle, c’était assez dur face aux autres adversaires, j’étais légère. Alors si je ne parvenais pas debout à faire tomber la fille, j’enchaînais souvent au sol et je marquais ippon. Maintenant, les filles savent que face à moi elles doivent faire attention debout et aussi au sol. Ça les fait réfléchir… »

Des copines de tatami

Avec cette succession d’entraînements, de compétitions, de stages, de déplacements, notre jeune championne mène une vie particulière, qui la distingue des autres adolescents de son âge. « J’ai essayé de garder le contact avec les copines d’avant, mais c’est trop compliqué. Je n’arrive pas à les voir, nous n’avons pas les mêmes emplois du temps. Des vies différentes en fait. Elles, avant le bac de français, elles révisaient. Moi j’étais au championnat d’Europe. » Alors ces liens d’amitié, Alyssia les tisse sur le tatami : « Mes meilleures amies sont avec moi au club ! Eva Rodrigues, Jaelynn Chipan et Kahylee Dravie, on se connaît depuis des années, et elles étaient avec moi au pôle de Brétigny. On se comprend ! » L’an dernier, ces copines du Saint-Ouen Judo Jujitsu ont remporté le titre de championnes de France par équipe, au nez et la barbe des grosses écuries du judo français. Une performance qui vient récompenser le travail de formation mené depuis des années dans le club audonien par Vincent Poulange, directeur sportif.

Prochaine rentrée, à l’INSEP !

Comme pour le judo, Alyssia a déjà prévu le métier qu’elle aimerait exercer : « Je voudrais aller en STAPS pour devenir kiné. Cette idée m’est venue après m’être blessée lors des championnats du monde. Lors d’un combat, mon adversaire a fait une action dangereuse. Elle a été disqualifiée, mais j’avais mal au coude et je n’ai pas pu faire la finale. De retour en France, on m’a d’abord diagnostiqué une tendinite. Je trouvais ça bizarre mais je n’ai rien dit, j’avais trop envie de continuer à faire du judo ! Mais en fait, un autre examen à l’INSEP a révélé une rupture quasi complète des ligaments. Deux mois d’arrêt ! »

Lorsqu’elle n’est pas dans un dojo ou au lycée, Alyssia aime passer du temps en famille, faire du shopping, et dormir ! « C’est vrai que je dors beaucoup ! Le week-end lorsque je suis au repos je me couche vers 22h pour me réveiller vers 10h00… Et quand je suis en stage, je dois faire une sieste l’après-midi. » Et qu’on ne lui parle pas de micro-sieste de 10 ou 30 minutes : « Il me faut une heure minimum ! »

Alyssia Poulange pose avec sa médaille d'or du championnat d'Europe cadette 2023

Première médaille d’or dans un championnat international pour Alyssia Poulange, déterminée à tout faire pour élargir sa collection.

L’an prochain, Alyssia Poulange fera un pas de plus vers la cour des grands : « En septembre, j’intégrerai l’INSEP ! Pour moi qui habite Vaujours, c’est moins loin que Brétigny, la cantine est meilleure, mais les entrainements seront plus durs et il y aura beaucoup plus de concurrence ! (rires). Ce serait mentir de dire que je n’appréhende pas d’y entrer, je serai une des plus jeunes, mais j’ai hâte. Je suis impatiente de m’entraîner avec les plus fortes pour devenir moi-même la plus forte et participer aux championnats d’Europe et du monde seniors. C’est l’objectif d’une carrière. »

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