Clémence Gueucier de retour dans la meute

Clémence Gueucier de retour dans la meute
Rugby
  • Déjà coach dans l’âme de son temps de joueuse, cette ancienne demie de mêlée de l’AC Bobigny 93 revient dans son club formateur en tant qu’entraîneure des arrières.
  • A 37 ans, elle a déjà derrière elle un brillant parcours : ex-internationale à 7, entraîneure au Pôle France féminin, manager de l’Académie de rugby féminin à Aulnay.
  • Avec Alexandra Perthus à Lille, elle est l’une des rares femmes entraîneures en Elite féminine.

« Si j’ai ce parcours, c’est en grande partie à Bobigny que je le dois. Ce club m’a beaucoup donné, donc y revenir comme coach, c’était aussi une manière de rendre » Clémence Gueucier parle comme elle jouait : c’est direct, net et précis. A 37 ans, cette ancienne demie de mêlée ou d’ouverture des Louves de Bobigny est de retour dans son club de toujours, celui où elle aura joué 16 années durant.

Cette fois, c’est sur le banc que cette tacticienne prendra part aux prouesses des Rouge et Noir, en tant qu’entraîneure des arrières. Un recrutement de choix pour l’AC Bobigny, qui peut ainsi sereinement envisager l’après-Alexandre Gau, manager des Louves depuis 2017.

Certes, Clémence Gueucier devra se partager entre le Stade Français, dont elle continuera à entraîner les garçons U21, et l’équipe première de Bobigny, mais la direction collégiale avec Sébastien Souquet, coach des avants et ceux de la réserve, devrait mettre de l’huile dans les rouages.

On peut en tout cas compter sur l’envie et l’enthousiasme communicatifs de « Clem’ » pour la saison qui vient. Ancienne prof d’EPS et ex-entraîneure de l’équipe de France U18 de rugby à 7, cette pédagogue et motivatrice hors pair avait déjà un tempérament de coach sur le terrain. « Je pense que ça vient de mon caractère mais peut-être aussi du fait que j’ai toujours eu des profs d’EPS comme entraîneurs. Ils nous demandaient toujours de nous impliquer, d’avoir une réflexion sur le jeu, ce que j’adorais par-dessus tout », explique Clémence Gueucier en référence à Fabien Antonelli et Marc-Henri Kugler, coachs de ses premières années à Bobigny.

À lire aussi...
Rugby

Comment la Seine-Saint-Denis est devenue terre de rugby

Un nombre de licenciés qui retrouve son niveau d’avant-Covid, des internationaux formés dans des clubs de Seine-Saint-Denis : si la concurrence livrée par le foot est rude, le rugby s’impose de plus en plus dans le 93. L’approche de la Coupe[...]

Des débuts que celle qui arrivait alors de Luzarches (Val d’Oise) sans avoir jamais tâté du ballon ovale évoque encore, des étoiles plein les yeux. « J’ai vraiment adoré cette période. J’ai découvert le rugby à la fac de Paris-13, en STAPS (formation à l’enseignement d’éducation physique et sportive). A ce moment-là, je n’en connaissais même pas les règles et je ne savais pas qu’il y avait des équipes filles. Mais j’ai trouvé que ce sport offrait une liberté assez dingue : on pouvait jouer au pied, à la main… Et la dynamique à l’université était géniale : on s’est retrouvées à faire un championnat de France en étant presque que des non-rugbywomen. Certaines venaient du hand comme moi, d’autres du foot, du judo… » C’est l’acte de naissance de la « Fameute », contraction entre famille et meute, dont l’esprit survit encore jusqu’à aujourd’hui.

Le commencement d’une longue aventure pour celle qui, au départ, avait pourtant failli renoncer à STAPS en raison d’une rupture des ligaments croisés en classe de 1ère. Avec sa facilité à apprendre et son intelligence de jeu, la numéro 9 gravit rapidement les échelons : première montée en Elite en 2005, première sélection en équipe de France à VII à 24 ans.

"A compétences égales, on n’a pas à privilégier les hommes."

Avec les Bleues, son plus grand souvenir reste le tournoi de qualification pour les Jeux de Rio 2016, en deux temps, d’abord à Kazan, puis en France à Malemort. « On se disputait le ticket avec la Russie et au final c’a été nous. Je ne me souviens pas d’avoir vu un groupe aussi soudé », se remémore celle qui restera malheureusement à la porte du premier tournoi olympique de l’histoire (où les Bleues seront éliminées en quarts de finale, ndlr). « Je me suis blessée avant la sélection mais de toute façon, je ne faisais pas partie du noyau dur. Même sans cette blessure, je ne pense pas que j’aurais été prise », affirme Clémence Gueucier qu’on ne sent pas plus affectée que ça par cet épisode.

Peut-être parce qu’elle sait qu’une des principales activités de coach, c’est de choisir, tout en expliquant. Coach au Pôle France féminin, première directrice de l’Académie espoirs d’Aulnay – un sport-études rugby féminin adossé au lycée Voillaume – coach des espoirs du Stade Français depuis un an : elle commence à avoir roulé sa bosse dans ce domaine aussi.

Si elle voit le fait que des femmes accèdent enfin aux postes de coach comme un juste retour des choses ? « Oui, si on parle de compétence. A compétences égales, on n’a pas à privilégier les hommes. Mais non, s’il s’agit juste de féminiser pour féminiser », estime celle qui est une des rares femmes à diriger une équipe première, en compagnie d’Alexandra Perthus à Lille et, l’année prochaine, de Laure Sansus et Céline Ferrer au Stade Toulousain.

Ses objectifs pour voir son club de toujours prospérer ? « Ca, il faudra les co-construire avec l’équipe. Mais comme ça, à brûle pourpoint, je dirais jouer les phases finales pour ce qui est des objectifs sportifs. Pour le plus long terme, il faut continuer à former. Car sans ça un club comme Bobigny qui n’a pas de gros salaires ni d’installations exceptionnelles, n’existe pas. Et continuer avec notre esprit de guerrières, en mode Astérix et Obélix. » Avec Clémence Gueucier, Bobigny s’est en tout cas trouvé un bon Panoramix.

Christophe Lehousse

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *