Depuis La Courneuve, le Flash sur le toit de l’Europe

Depuis La Courneuve, le Flash sur le toit de l’Europe
Football américain
  • Le Flash de La Courneuve a remporté au bout du suspense, et sur le score de 26 à 21, la coupe d’Europe CEFL de football américain, le 24 juin contre les Black Panthers de Thonon-les-Bains.
  • L’équipe du quarterback Léo Crémades, jeune pépite du club séquano-dionysien, n’avait encore jamais obtenu de titre dans cette compétition.
  • Cette finale, qui opposait pour la première fois deux équipes françaises, s’est déroulée au stade Géo-André, à La Courneuve, devant un public en liesse.

Si le football américain reste un sport confidentiel en France, à La Courneuve il ne l’est assurément pas. Théâtre de la finale de coupe d’Europe (la Central European Football League, CEFL) entre le Flash de La Courneuve et les Black Panthers de Thonon-les-Bains, le stade Géo-André a rassemblé samedi 24 juin près de 1 000 spectateurs en fusion dans la tribune principale. Pour cet événement, qui voyait pour la première fois deux équipes françaises s’affronter en finale, le public courneuvien n’a jamais cessé d’encourager son équipe tout au long des 2h30 (le foot US est un sport très tactique avec de multiples temps morts qui permettent de bloquer l’horloge) d’un match éprouvant pour les nerfs. Car, si le Flash a réussi l’exploit de remporter, après trois finales malheureuses en 1998, 2006 et 2009, la première Ligue des champions de son histoire (en 39 ans d’existence), il ne fallait pas être cardiaque ce soir-là. Le succès des Jaune et Noir (26-21) s’est en effet dessiné dans les tous derniers instants de la rencontre. Et s’est joué à seulement quelques centimètres : déjà placé dans l’en-but adverse et donc en position de marquer et d’offrir la victoire finale aux siens, le receveur des Black Panthers n’a pas eu les bras assez longs pour se saisir d’un ballon qu’il n’a fait qu’effleurer. A quoi ça se joue, parfois, une finale de Coupe d’Europe…

À l’image de cette fin de match où tout le stade a eu le soufflé coupé, les premières minutes ont été tendues. Dans ce sport spectacle, qui fait généralement la part belle aux attaques, il a fallu attendre la fin du premier acte (une partie se joue en quatre quart-temps de 15 minutes) pour voir une des deux équipes ouvrir le score. Et c’est le Flash qui s’est illustré en premier dans cet exercice. Bien lancé par Léo Crémades, quarterback (meneur de jeu) très prometteur de 21 ans qui disputait là sa première finale, le running back Guillaume Buquet est parvenu à trouver la brèche et s’en est allé marquer le premier touchdown (ou essai). En débloquant le compteur, Buquet a libéré ses partenaires, qui se sont vu pousser des ailes dans les minutes qui ont suivi, et notamment dans le deuxième quart-temps. Profitant d’un fumble (ballon perdu par un joueur qui en a la possession), Angelo Druck, élu « joueur du match » à l’issue de la rencontre, s’est emparé du ballon et a terminé sa course folle derrière la ligne adverse. 13-0. Opportunistes en attaques, intraitables en défense, on s’est dit que La Courneuve allait vite plier l’affaire. Mais c’était sans compter sur Thonon, qui disputera le 1er juillet le 27e Casque de Diamant (la finale du championnat de France) contre les Blue Stars de Marseille, tombeurs en demi-finale du Flash. Les Haut-Savoyards sont en effet revenus à 13-7 après la longue chevauchée d’Adel Bafdile, joueur pilier de l’équipe de France. Mais la réaction d’orgueil du Flash ne s’est pas fait attendre. À 30 secondes de la mi-temps, Crémades, finalement dans un bon soir après avoir été paralysé par l’enjeu au début du match, a permis à son coéquipier Sofiane Mahmoudi de prendre le large après avoir réceptionné le cuir de manière acrobatique au-dessus de la défense. 20-7.

12e titre de champion de France pour les U20

En tribune, les supporters se sont alors mis à y croire dur comme fer. D’autant que l’entame du troisième quart-temps a été à l’avenant du précédent. Dès les premières secondes, Buquet a cueilli à froid les Back Panthers en allant inscrire un doublé. Synonyme de victoire ? Non, car les visiteurs, champions de France en 2019, n’avaient pas dit leur dernier mot et ont profité d’une étonnante fébrilité du Flash, qui dans le dernier quart d’heure s’est subitement mis à perdre son latin et plus grave, quelques ballons précieux. La peur de gagner ? Sûrement. La force de l’adversaire ? Aussi. Thonon a pu compter sur le regain de forme de José Tabora, son quarterback américain (La Courneuve est la seule formation en France à s’appuyer sur un joueur français, Crémades en l’occurrence, pour occuper ce poste clé. Tous les autres clubs ont opté pour des Américains) pour revenir à 26-21. En toute fin de partie, alors que l’écran d’affichage indiquait qu’il ne restait que quelques secondes à jouer, les Haut-Savoyards ont été en position de l’emporter sur leur tout dernier lancer. Mais, on le sait, la passe a été mal ajustée. Et c’est tout un stade qui a chaviré de bonheur.

Fêté par ses partenaires au centre du terrain après avoir obtenu le trophée symbolique d’homme du match, Angelo Druck ne réalisait pas ce qui lui arrivait quelques minutes après le coup de sifflet final. « C’est un sentiment incroyable que ne je pensais pas vivre aussi rapidement, voire peut-être jamais. Après avoir longtemps joué au flag (dérivé du football américain où les contacts sont interdits), cela fait seulement un an que j’ai rejoint le club. Ici, je n’ai pas découvert une équipe mais une famille extrêmement soudée dans les bons comme dans les mauvais moments. J’espère vraiment m’inscrire dans la durée au Flash. » S’il a également savouré l’instant, Léo Crémades, qui a obtenu un statut de titulaire chez les seniors cette saison et qui n’en finit plus depuis de grandir, a regretté de ne pas avoir mieux commencé la rencontre. « J’étais trop crispé, il m’a fallu du temps pour me libérer. Sur les matches à fort enjeu, cela m’arrive encore souvent, je dois progresser mentalement. Beaucoup mettent ça sur le compte de mon jeune âge mais pour moi cela ne saurait être une excuse, je dois être plus constant. » Pour l’an prochain, il a mis la barre encore plus haut : « On vise le doublé championnat de France-coupe d’Europe. » Père fondateur et président historique du Flash, François Le Roy était sous le coup de l’émotion. Sous sa chemisette jaune frappée du logo du club, il a beaucoup transpiré. « On a maîtrisé les débats les trois quarts du temps avant de nous effondrer en fin de match. J’ai eu très peur mais c’est passé. Ce succès vient achever une saison qui a été couronnée de titres puisque nos U20 ont été sacrés champion de France pour la douzième fois [l’équipe élite compte le même nombre de titres, ndlr]. Avant de s’attaquer aux gros chantiers de l’été (voter l’augmentation de la capacité du stade, moderniser les infrastructures tout autour, réorganiser la logistique), on va fêter tout ça. » Et prendre le temps de réaliser que La Courneuve est aujourd’hui au sommet de l’Europe.

Grégoire Remund

Photos: ©Anna Schnaider

À lire aussi...
Football américain

Le Flash de La Courneuve couronné pour la 12e fois

Samedi 9 juillet, l’équipe de football américain de La Courneuve a remporté son 12e titre de champion de France dans une finale qui l’opposait aux Black Panthers de Thonon-les-Bains. Un sacre qui vient récompenser un club aussi actif sur le[...]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *